Un peu comme lorsque je rentre d'un voyage quelque part et que tout le monde me demande comment c'etait : peu a peu mes differentes reponses n'en font plus qu'une, mes impressions se resserrent sur elles-memes, ouais, c'est cool, la-bas, et tiens, une anecdote marrante... puis ce discours unique se substitue a la realite du souvenir. Du coup, j'ai franchement eu peur. J'ai ressenti cette crainte familiere, soudainement intense et sincere, qu'une fois toute sensation echappee de ma vie, il ne reste plus de celle-ci qu'un cliche. Et le jour de ma mort, saint Pierre me demanderait : - C'etait comment ? - Vraiment super, en bas. J'aimais bien la bouffe. m'enfin, avec la tourista... Bon, les gens sont tous tres sympas quand meme. Et ca serait tout. (...) Et j'ai decide de raconter quelque chose de nouveau sur mon sejour a chaque personne qui voudrait que je lui en parle, sans me repeter une seule fois.