La pression des nationaux-socialistes commencait peu a peu a delabrer les nerfs des milieux clericaux et bourgeois ; ils sentaient de plus en plus l'insistance subversive de l'impatiente Allemagne, qui leur serrait aussi la vis dans le domaine de l'economie. Le gouvernement Dollfuss, qui voulait conserver une Autriche independante et la preserver de Hitler, cherchait de plus en plus desesperement un dernier appui. La France et l'Angleterre etaient trop eloignees et au fond trop indifferentes, la Tchecoslovaquie etait encore pleine de sa vieille rancune et de sa rivalite a l'egard de Vienne, si bien qu'il ne restait que l'Italie, qui s'efforcait alors d'etendre sur l'Autriche son protectorat economique et politique, afin de s'assurer les passages des Alpes et Trieste. Pour cette protection, Mussolini reclamait toutefois un tres haut prix. L'Autriche devait s'adapter aux tendances fascistes, le Parlement, et par la meme la democratie devaient etre liquides. Cela n'etait possible que si l'on ecartait ou privait de ses droits le parti social-democrate, le plus fort et le mieux organise d'Autriche. Pour le briser, il n'y avait point d'autre moyen que la force brutale. En vue de cette action terroriste, le predecesseur de Dollfuss, Ignaz Seipel, avait deja cree une organisation, la Heimwehr69. Vue du dehors, elle offrait a peu pres la plus pitoyable des apparences, elle etait formee de petits avocats de province, d'officiers licencies, d'ingenieurs sans travail, de toutes les mediocrites decues, qui se haissaient furieusement