Et si on faisait une treve ? S'il montait le [le Premier ministre] reconforter et le distraire un peu de sa solitude ? Il pourrait passer la nuit a lui parler, d'homme a homme. Il se garderait de toute polemique, il ne lui reprocherait rien, ne le culpabiliserait pas mais se contenterait de deviser avec lui, comme avec un ami cher dont on s'efforce, gentiment, de dessiller les yeux, un ami que de mauvaises gens auraient induit en erreur sur une affaire epineuse, apparemment insoluble mais qui en realite avait une solution simple, logique, equitable, que les detracteurs les plus acharnes devraient pouvoir accepter apres une breve demonstration de son bien-fonde, dans une atmosphere cordiale et detendue. A condition evidemment de ne pas se buter, de ne pas s'abriter derriere un mur de grossiers mensonges, d'ouvrir les oreilles, d'envisager l'eventail des possibilites jusque-la resolument ecartees, non par malice mais a cause de prejuges, de jugements inflexibles ou de craintes profondement enracinees. (p. 299)