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[...] Les natures du genre de la tienne, les hommes doues de sens delicats, ceux qui ont de l'ame, les poetes, ceux pour qui toute la vie est amour nous sont presque toujours superieurs, a nous, chez qui domine l'intellect. Vous etes, par votre origine, du cote de la mere. Vous vivez dans la plenitude de l'etre. La force de l'amour, la capacite de vivre intensement les choses est votre lot. Nous autres, hommes d'intellect, bien que nous ayons l'air souvent de vous diriger et de vous gouverner, nous ne vivons pas dans l'integrite de l'etre, nous vivons dans les abstractions. A vous la plenitude de la vie, le suc des fruits, a vous le jardin de l'amour, le beau pays de l'art. Vous etes chez vous sur terre, nous dans le monde des idees. Vous courez le risque de sombrer dans la sensualite, nous d'etouffer dans le vide. Tu es artiste, je suis penseur. Tu dors sur le coeur d'une mere, je veille dans le desert. Moi, c'est le soleil qui m'eclaire, pour toi brillent la lune et les etoiles. Ce sont des jeunes filles qui hantent tes reves; moi, ce sont mes ecoliers... (p. 54-55)